Une première porte d’entrée dans l’Ennéagramme passe par la théorie des centres d’intelligence. L’Ennéagramme se base notamment sur l’idée que tout être humain dispose de trois formes d’intelligence distinctes. Il s’agit de filtres au travers desquels nous recevons, nous traitons et nous réagissons aux informations offertes par notre environnement et notre entourage. Ils sont situés dans le centre instinctif, dans le centre émotionnel et dans le centre mental. Le mot « centre » est utilisé pour indiquer que chacun de ces trois modes ont un rôle, un fonctionnement et des objectifs propres, comme trois organes ayant chacun leur utilité.
Tout être humain est capable de recevoir, traiter et émettre des informations à partir de ces trois centres, mais au cours de la construction de sa personnalité, il a sur-privilégié un de ces trois centres, qui est devenu son centre préférentiel, alors qu’il a négligé, voire méprisé, les deux autres. Identifier son mode de fonctionnement privilégié et automatique permet de mettre en place des actions concrètes pour viser son propre équilibre, se sentir plus en harmonie avec les autres et surtout passer de l’habitude enfermante au libre choix adapté.
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Le centre instinctif est mobilisé pour assurer la survie physique et psychologique, dans le présent. C’est le siège de l’action et des réflexes (respirer, marcher, etc.). Pour ce faire, il compare le présent aux situations passées semblables et choisit d’agir ou non, de changer ou non. C’est le centre de notre énergie vitale, de nos actes spontanés, de notre coordination physique, de notre créativité dans l’action. Il est lié au cerveau reptilien, qui nous renvoie à nos instincts.
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Le centre émotionnel s’intéresse à nos désirs et à nos besoins et à ceux des autres. Le centre émotionnel nous sert à entrer en relation avec les autres, mais aussi avec nous-même (ressentir). Il se préoccupe de nos relations aux autres et de la question identitaire du « Qui suis-je ? ». À l’instar de nos émotions, il vit profondément dans l’instant présent. Il est lié au cerveau limbique qui nous renvoie à nos émotions.
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Le centre mental est le lieu du raisonnement, des choix, des décisions, des plans et des projets. Il est le siège de la réflexion, de la planification (peser le pour et le contre avant d’agir). C’est le lieu de la conscience réflexive (je suis conscient d’être conscient). Il raisonne par analyse et synthèse à partir d’informations se voulant objectives. Il est orienté vers le futur. Il est lié au néocortex qui nous renvoie aux fonctions dites supérieures comme la mémoire, capacité d’abstraction, etc.
Par exemple, l’avion dans lequel je voyageais vient de s’écraser, et je suis le seul survivant :
- Si je fais appel à mon centre instinctif, je passe immédiatement à l’action pour assurer ma survie sans réfléchir.
- Si je fais appel à mon centre émotionnel, je me laisse d’abord déborder par mes émotions face à cette catastrophe humaine.
- Si je fais appel à mon centre mental, je reste paralysé, trop occupé à observer la situation et à analyser tous les éléments avant d’agir.
Aucun des 3 centres n’est meilleur qu’un autre, ni plus adapté face à l’environnement et aux évènements du quotidien. L’enjeu se résume dans notre capacité à jouer la bonne carte –le « bon » centre– au bon moment : quand je joue une partie d’échecs, le centre mental m’est certainement très utile, pour réussir à observer, analyser et anticiper. Mais quand il s’agit de montrer à l’autre combien je l’aime, le centre émotionnel sera certainement mieux équipé pour vivre ses émotions pleinement, les identifier et les communiquer.
Les trois centres sont relativement indépendants les uns des autres. Parfois, ils vont tous les trois dans le même sens, mais parfois ils sont en conflit les uns avec les autres. Par exemple, on peut prendre une décision (centre mental) et ne pas réussir à la mettre en œuvre (centre instinctif) ; ou bien on peut sentir au fond de soi, un conflit entre le cœur (centre émotionnel) et la raison (centre mental). Si cela vous est déjà arrivé, l’explication prend racine dans les trois centres d’intelligence.
L’Ennéagramme nous invite à reconnaître que, chacun à notre manière, nous avons tendance à préférer un centre, au mépris des deux autres, et à le sur-privilégier. Par exemple, quand il est en conflit avec un autre centre, c’est généralement lui qui l’emporte ; ou encore, face à une situation inédite ou à un évènement stressant, c’est lui qui est mis en œuvre en premier, tant nous sommes experts de ce centre. Par ailleurs, en fonction du centre duquel je suis devenu spécialiste, mes sources de stress/inquiétude ou mes sources de confort/sécurité ne seront pas les mêmes que celles de mon voisin, lui-même installé dans un autre centre.
POINT COACHING
Ce premier zoom permet de se (re)connaître déjà un peu mieux, par rapport à son propre fonctionnement, mais également par rapport à celui des autres, qui peut parfois nous paraître incompréhensible, voire stupide et inutile (d’où la naissance d’intolérance et de conflits). Une première étape à développer dans sa vie quotidienne est d’appréhender cette vision des 3 centres d’intelligence pour réussir à s’observer soi-même en se posant des questions comme :
- De manière générale, qu’est-ce que je fais et comment je le fais ?
- Qu’est-ce que je pense et comment je pense ?
- Qu’est-ce que je ressens et comment je le ressens ?
- Pour quelles raisons mes proches font-ils principalement appel à moi ?
- À quel centre sont associés mes principales compétences ?
Une fois son centre principal identifié, il s’agit alors de réaliser à quel point nous sommes extrémistes, obsédés et presque aveugles à d’autres manières de fonctionner. Le but devient alors d’interroger notre mode de fonctionnement habituel en se demandant s’il est le plus adapté à la situation en cours.
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