Aujourd’hui, la quête de sens, l’évolution individuelle et collective, la poursuite de sa mission de vie ou encore le cheminement spirituel sont mis en avant et préconisés pour résoudre tous nos problèmes. Le discours bien pensant dans les milieux auto-proclamés « spirituels » est parti en guerre contre l’ego. Cette abomination humaine contre laquelle il faut lutter et vaincre. La sagesse viendrait donc de l’abolition de l’ego. Et l’on se targue d’avoir réussi et ainsi d’avoir accédé à un niveau supérieur de… de quoi au fait ?! Au risque de vous déplaire : penser qu’il existe une hiérarchie entre l’évolution des personnes (ou pire encore, des types d’évolution plus ou moins valides) est un des pièges de l’ego.
Oui, nous vivons dans une société malade, à plusieurs niveaux et de manière plus ou moins pernicieuse. Parmi ces maux : souffrance, détresse, abus, isolement, violence, rejet, auto-sabotage, peur, humiliation, harcèlement, compulsion… Et nous en sommes à tour de rôle le témoin, la victime et l’auteur. Vous venez de froncer les sourcils en pensant que vous ne faites jamais de mal à autrui ? Félicitations, vous venez de tomber dans des pièges classiques de l’ego ! Il est toujours plus facile de se positionner comme victime que d’assumer sa part de responsabilité dans la chaîne d’actions et de réactions qui nous lient toutes et tous au quotidien.
Ego ergo sum ?
L’ego, c’est cette petite voix intérieure qui nous souffle nos pensées, nos ressentis et dicte nos réactions et nos comportements. Il est ce « Super Je » qui cherche à se satisfaire lui-même, d’abord et avant tout, et potentiellement au détriment des autres. Pour autant, l’ego est une partie vitale de nous, et il ne s’agit pas de le faire disparaitre, ni de le considérer comme le méchant de l’histoire. L’ego est d’abord à remercier. C’est grâce à son accompagnement et à sa guidance auto-centrée que nous avons survécu jusqu’ici (plus ou moins) sains et saufs. Son instinct primaire est la survie. Il est donc essentiel, mais il n’est pas à confondre avec notre être plus essentiel, il n’est qu’un filtre apposé sur notre perception de la réalité.
L’ego est également à remettre à sa place. Son rêve ultime est d’être le maître dominant de notre vie, alors que sa place idéale est en tant que serviteur. C’est un bel outil et il peut être très utile, quand on s’en sert à propos et dans une juste mesure. L’ego demande beaucoup d’énergie et d’attention, d’autant plus quand il est dans la démesure et le contrôle. C’est un peu comme si nous passions notre vie à vouloir enfoncer des clous avec Mjöllnir, la massue de Thor, plutôt qu’avec un marteau. Pas très judicieux n’est-ce pas ? Mais ici l’ego se prend pour le biceps, il est donc heureux et content d’être aussi fort et aussi développé. Une étape supplémentaire est donc d’apprendre à repérer ses ruses et ses tactiques, et de développer une capacité de discernement, dans le but d’accéder à un certain équilibre de vie.
Les Pièges de l’Ego
L’ego nous tend des pièges pour notamment le statu quo et l’inertie dans nos vies, car la prise de risque est, par définition… risquée ! L’ego se nourrit de la peur et a développé de mutliples stratégies de survie qui se transforment en pièges. Ces stratégies nous empêchent notamment d’accepter le changement dans nos vies et d’accéder à plus de sérénité. En réalité, les pièges de l’ego se situent principalement dans nos jugements de valeur, nos tendances à la comparaison, nos impressions de supériorité, notre penchant à la victimisation, les limitations imposées par nos croyances, notre fausse humilité, etc. Voici quelques exemples de pièges où l’ego cherche à nous faire croire que nous avons raison et que nous sommes meilleurs que les autres.
8 Exemples de Pièges
Vous êtes tombé dans un des pièges de l’ego si :
- votre ego est flatté que vous preniez le vélo ou les transports en commun pour aller au travail ; et que vous regardez celles et ceux qui prennent leur voiture avec dédain…
- vous pensez qu’il est plus évolué de devenir vegan, faire du yoga, pratiquer le Reiki, acheter bio, méditer ou encore lire des livres de développement personnel ; et que vous jugez celles et ceux qui ne le font pas…
- vous croyez qu’il vaut mieux éviter les magazines people ou sensationnels ; et que vous vous moquez de celles et ceux qui aiment ces activités de commérages…
- vous êtes fier d’être une personne tolérante, ouverte aux critiques et respectueuse d’autrui ; et que vous vous fâchez après les personnes qui apparaissent dans votre vie et vous bousculent…
- vous faites des tests en ligne pour savoir à quel chakra votre être supérieur est associé ; et que vous vous félicitez que la réponse soit le chakra-couronne et non pas un chakra « inférieur », moins important, moins spirituel…
- vous imaginez qu’écouter de la flute indienne ou de la musique classique est un signe d’évolution spirituelle ; et que vous vous moquez de celles et ceux qui écoutent de la pop à la radio ou du heavy metal en concert…
- vous travaillez fort à votre développement personnel et spirituel ; et que vous vous considérez plus avancé ou évolué que celles et ceux qui ne font pas comme vous…
Point Coaching
Si après cette lecture vous vous sentez dominé par votre ego… Bienvenue au club ! Mais au lieu de le nourrir en vous apitoyant sur vous-mêmes, apprenez plutôt à vous observer et à rire de vous-mêmes. L’ego se prend trop au sérieux, il se veut le plus beau, le plus fort, le plus grand… Pour rappel : chacun fait ce qu’il peut, avec ce qu’il a, en tous temps. Commencer par soi-même, sans se comparer ou se niveler par rapport aux autres, est déjà un très beau cheminement.
Petite astuce : donnez-lui un nom et une forme (objet, animal, végétal, imaginaire, etc.), et parlez-lui ! L’ego a des messages importants à nous transmettre, notamment en terme de survie physique et psychique. L’écouter peut donc être une bonne idée, à partir du moment où il ne dicte pas toutes nos réactions. Le reconnaître quand il apparait et repérer ses ruses permet de garder un certain équilibre, mais aussi de retrouver liberté et flexibilité dans sa vie.